La Trilogie inconsciente,
la comprendre pour aller mieux

EXTRAIT

(…) Pauline, quarante-deux ans, a pris de plein fouet cette Trilogie. Elle, dont l’obsédante obésité la pousse à me consulter, me confie avoir été surnommée par son père « Quinze tonnes » quand elle était petite. Soi-disant, c’était pour rire et pour la secouer, l’inciter à prendre conscience de son poids, sans pour autant modifier quoi que ce soit de son alimentation. Ainsi qu’elle le dit elle-même :

« Je n’aimais pas quand il m’appelait comme ça… »

« Quinze tonnes ? C’est très violent ça pour une petite fille.

Et de marquer un petit temps de silence, puis de reprendre :

— Mais… dans la bouche de mon père, c’était gentil.

— Madame, cette appellation n’est gentille dans la bouche de personne. »

Là, je renormalise l’anormalité normalisée. Je m’explique : j’apporte à ma patiente une vraie normalité, car, petite, son sens du normal a été altéré. Dès son plus jeune âge, en effet, au moment où elle ne peut contrecarrer son père, le seul parent apparemment fiable (sa mère semble défaillante, probablement très infantile), elle décide de l’adorer aveuglément, de boire ses paroles, quoi qu’il lui dise, pour maintenir une proximité nécessaire à l’enfant désemparée qu’elle est. Résultat : la souffrance de l’humiliation vécue par la petite « Quinze tonnes », ajoutée à la normalisation qu’elle en fait (« Dans la bouche de mon père, c’était gentil »), aboutit à une reproduction de l’humiliation sur elle-même.

Ainsi, dans sa vie personnelle comme professionnelle, elle est bafouée. Par ses proches, ses amants, ses managers, les commerçants parfois… Tous semblent la dénigrer alternativement puisqu’elle l’autorise sans vraiment s’en rendre compte. Ma patiente rend possible la tyrannie de l’Autre en le laissant faire, en créant sa jouissance. Heureusement qu’elle en souffre car, sans souffrance, elle ne serait jamais venue consulter !

Après neuf mois de thérapie : Un apaisement s’est enclenché dans sa relation avec ses parents et, désormais, les malfaisants de tous genres n’ont qu’à bien se tenir ! Son poids, cependant, demeure sa source de contrariété, avec cette idée qu’elle n’aurait pourtant pas besoin d’un suivi médical pour être aidée. Faire seule, être seule, réussir seule… Pauline m’annonce qu’elle cesse sa thérapie. Revenir à sa solitude, comme le seul espace possible. Voilà une reproduction bien ancrée. Mes meilleures pensées l’accompagnent.

La Trilogie inconsciente, c’est l’histoire d’une revanche qui ne prendrait jamais fin. Elle s’inscrirait dans un système en boucle avec, pour inexorables effets, de rapetisser les relations interpersonnelles. Le poids de l’histoire de chacun sur le présent de tous. Ce qui compromet l’avenir de la relation (…)

Je me suis tellement reconnue dans ces récits de vie. Certains personnages me ressemblent. J’en arrive à me poser les bonnes questions et mieux comprendre mon histoire.

Yvette B.

Ma mère a montré si peu d’intérêt pour moi que je me suis convaincue d’être inutile et insignifiante. J’aurais traîné ça toute ma vie si je ne l’avais pas compris.

Sandrine C.

J’ai vécu en pensant aux autres et jamais à moi. A bien y réfléchir, cétait couru d’avance : ce sont mes parents qui m’ont entraîné à ça, pendant toute mon enfance.

Patrick D.

Je ne peux pas en vouloir à mes parents, ils ont fait ce qu’ils ont pu. C’est à moi de modifier quelque chose pour aller mieux. Ça, maintenant, je le sais. Ce livre aura été utile.

Sébastien E.

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