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Au lieu de vivre dans un foyer ou règne la sérénité, vous avez la sensation d’avoir transformé vos enfants en petits monstres qui ne respectent rien ni personne. Et s’il était temps d’instiller un soupçon de peur et d’autorité dans tout ça ?
L’éducation positive, une philosophie de moins en moins convaincante pour les parents
C’est un discours qu’on entend de plus en plus, l’éducation positive autrefois perçue comme une grande révolution dans le monde de la parentalité ne serait plus aussi convaincante. Plus encore, les limites de l’éducation positive seraient de plus en plus visibles et problématique pour les parents mais aussi pour les enfants. Dans une tribune publiée sur le Huffington Post, un père de famille prend d’ailleurs la parole : après avoir élevé son premier fils selon les méthodes de la parentalité positive, il regrette désormais son choix. D’après lui, il existe un véritable envers du décor, à tel point qu’il se décrit aujourd’hui comme « un parent au bout du rouleau ». En cause ? Les techniques d’éducation positives qui ne prennent pas en compte la singularité de chaque enfant et culpabilisent les parents lorsqu’elles ne sont pas fructueuses « en fonction de chaque enfant, les choses peuvent se passer très différemment. Pour ma compagne et moi, cela se traduit par une gymnastique incessante pour offrir à notre enfant aîné un cadre sécurisant, tout en cherchant constamment à obtenir son accord. Et la culpabilité terrible de se dire que, si nous ne sommes pas assez patients, notre enfant subira les effets de notre incompétence maltraitante pour le reste de sa vie ».
La suite de son témoignage évoque non seulement le manque de solution lorsque les techniques d’éducation positives ne fonctionnent pas mais aussi la difficulté de son enfant à s’adapter au reste de la société « avec toutes ces méthodes, nous avons sans nous rendre compte mis en place des « suradaptations » autour de notre enfant, qui font qu’il nécessite aujourd’hui un mode d’emploi de quatre pages en diplomatie et négociations », « à l’école, une maîtresse m’explique, dépitée, que mon fils n’en fait qu’à sa tête et n’écoute rien. Je ne suis pas fier de lui déposer un fardeau tous les matins, et je sens bien qu’elle aimerait que je « resserre la vis » à la maison ».
L’éducation positive ne serait qu’une suite de discours culpabilisants ? Comment aborder la question de la parentalité alors ? Quelles sont les bonnes méthodes à adopter ?
La peur, outil indispensable pour inspirer le respect à ses enfants ?
Attention, ici lorsqu’on parle de peur, il n’est pas question d’avoir recours à des méthodes violentes ou encore humiliantes. Le but n’est pas de traumatiser vos enfants mais d’inspirer l’autorité, le respect. Ainsi, il convient de se poser les questions suivantes : faudrait-il se tourner vers des méthodes d’éducation plus autoritaires ? Quelles sont les conséquences d’un tel revirement éducatif sur vos enfants ? La peur est-elle une solution viable ?
Bien que la majorité soit encore très encline à pratiquer à la lettre tous les préceptes de l’éducation positive, ces dernières années un nouveau regard émerge. Représenté dans les médias par la psychothérapeute Caroline Goldman, cette mouvance dénonce les dérives des méthodes de l’éducation positive tout en prônant un autre fonctionnement. Pour la spécialiste en psychologie des enfants et adolescents il y a « un manque préoccupant de limites éducatives ». À ses yeux, si aujourd’hui on observe une explosion des diagnostics de troubles du comportement en France, c’est principalement à cause des écueils de l’éducation positive.
Caroline Goldman est claire « l’éducation positive menotte les parents, brouille les rapports générationnels et prive les enfants des limites qu’ils réclament ». Et quoi de mieux que sa propre expérience professionnelle pour appuyer ses propos ? Depuis 8 ans, la mère de 4 enfants reçoit des familles dans son cabinet et son constat est toujours le même « Aujourd’hui, l’enfant est volontiers stimulé dans un cadre éducatif qui manque souvent de limites d’où la fréquence de ce que je nomme les pathologies de l’exhibition ».
Véronique Salman, psychanalyste partage le même avis « un parent qui dit non fermement est castrateur du point de vue de l’enfant. Mais cet enfant comprend de lui-même qu’il n’a pas la maturité suffisante pour savoir ce qu’il convient de décider dans une situation donnée. Le parent solide, si. Il sait qu’il doit dire non quand c’est nécessaire et oui quand c’est possible, en fonction de paramètres que seule sa maturité lui permet de définir ».
La solution pour Caroline Goldman ? Le retour à une autorité parentale ferme. Là aussi, il n’est jamais question de violences, mais d’explications « trois fois pas plus pour chaque désobéissance ». Si cette méthode ne fonctionne pas alors on passe à l’étape supérieure : le time-out. Souvent débattue et considérée par certains comme une violence éducative ordinaire, cette méthode issue des courants de pensée anglo-saxon a pourtant pour seul objectif d’isoler l’enfant afin de lui faire comprendre sans violence que la transgression des règles établies par les parents n’est pas sans conséquences.
On comprend donc qu’il ne s’agit pas de faire peur à son enfant mais de mettre en place des limites claires et solides. Dernière recommandation de Caroline Goldman : l’utilisation d’une posture stoïque. Oubliez les conseils qui vous suggèrent de vous mettre au niveau de votre enfant pour entamer un dialogue. Votre position de parent et d’adulte doit vous permettre de vous élever au dessus de toute l’agitation provoquée par l’expression de votre autorité mais surtout de ne pas y réagir. Vous êtes parent, ce que vous dites fait loi. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette vision de la parentalité est tout aussi sécurisante que l’éducation positive « l’objectif de lui mettre des limites n’est pas d’écraser le désir, mais de l’obliger à le transformer pour l’enrichir. C’est vraiment l’apprentissage de la frustration que de ne pas céder à tous leurs désirs et c’est vraiment leur faire un cadeau. Ils se sentent insécurisés car ils ressentent que personne n’est plus fort qu’eux, donc que personne ne les protège ».
Pour Véronique Salman, « L’idée n’est JAMAIS de punir mais de faire comprendre le bienfondé d’une décision, en quelques mots. Et ne JAMAIS avoir à l’expliquer indéfiniment. Pour négocier, il faut être à même niveau. Or, l’idée que des parents cèdent au moindre tremblement de menton par peur d’être rejetés de leur enfant, me laisse un sentiment de grand égarement ».
Quelles sont les limites éducatives d’une relation parent-enfant basée sur l’autorité et la peur ?
Mais que se passe t-il si votre enfant développe une vraie peur de vous ? Selon Véronique Salman, « La peur risque de compromettre la qualité relationnelle de la structure familiale. Si l’enfant a peur de son parent, c’est que le parent ne se positionne pas de la bonne manière et qu’il ne tisse pas la bonne relation ». Mais peut-on affirmer sans aucun doute qu’une éducation basée sur l’autorité parentale ferme est sans conséquence pour la relation parent-enfant ? Oui, la psychanalyste nous explique d’ailleurs « L’autorité doit rester BIENVEILLANTE. C’est celle qui doit apaiser et non agiter ou inquiéter ».
Qu’en est-il du développement émotionnel de votre enfant ? Quelles sont les conséquences d’une éducation basée sur la peur, une autorité excessive ? D’après Véronique Salman « l’autoritarisme crée des dommages irréversibles à la relation, car un sentiment de défiance de l’enfant à l’égard de ses parents naît. Dès lors, l’enfant agit dans son coin, se crée une zone inatteignable par ses parents. Il tente de bâtir un périmètre qu’il sera seul à contrôler pour échapper à l’injustice, l’iniquité ou l’arbitraire de ses parents. Ils leur apprennent, en fait, à faire sans eux. Ces enfants, en grandissant, s’autonomisent, certes, mais de la mauvaise manière. Ils n’ont pas été enrichis d’amour parental mais d’injonctions et deviennent allergiques aux injonctions. Ils font alors une grande confusion entre consignes et contraintes ce qui est dommageable car nous sommes tous soumis aux contraintes ».